Type | SUJET |
Collection | Gaumont (Journal Gaumont) Journal Actualité |
Durée | 00:10:12 |
Coul. son | NB Sonore |
7746GJ 00001
Titre : IL Y A 60 ANS... JUDEX
Fabrication : 1977
Prise de vue : 1917
1ère diffusion : 1977
REA : Pierre PHILIPPE
IL Y A 60 ANS... JUDEX. Novembre 1917 : bientôt le 1200ème jour de guerre. Depuis VERDUN, le front est stabilisé mais le pays a faim, le pays a froid, le pays est inquiet. La maison GAUMONT et son metteur en scène fétiche, Louis FEUILLADE sont priés de produire une oeuvre qui soutienne le moral de la nation. Avec son air d'ancêtre de ZORRO, cape de velours noir à boucles d'argent et à ample feutre, René CRESLE, mystérieux poitrinaire et fatal est chargé de mettre en pièces les raffleurs de secrets imaginés par le feuilletoniste du petit parisien, Arthur BERNEL. Les raffleurs de secrets, les lecteurs du petit parisien et des journaux patriotiques les connaissent bien car l'espionnisme règne et ce n'est pas le hasard si à la première bobine du nouveau feuilleton les méchants s'emparent, dans la serviette de son inventeur, des plans d'une arme foudroyante, le propulseur automatique. Les gares parisiennes connaissent une intense activité. Tandis que les réfugiés des régions envahies continuent d'affluer,on transporte d'AFRIQUE les hommes de peine dont les services municipaux ont le plus grand besoin. PARIS, malgré la guerre, sera propre. Durant ce temps, les amis de la grande AMERIQUE entrée en guerre depuis Avril ne cessent de déferler et réjouir le coeur des Parisiens. Pourtant, au moment où la psychose des embusqués tourne au délire, on commence à s'étonner un peu de leur présence prolongée sur les boulevards, mais le Général PERSHING se fait rassurant. Un peu de patience, nos soldats ne combattent pas encore dans les tranchées mais ils ne perdent pas leur temps, ils perfectionnent. En attendant l'assaut, les président yankees ont apporté avec eux force matériel sanitaire qu'inspectent le Président de la République et Mme POINCARE. 1917, c'est aussi l'année des grandes affaires dites de trahison. On vient de fusiller la pauvre MATA HARI et le cinéma s'en fait l'écho. La terrible Baronne d'APREMONT, ennemie jurée de JUDEX entre alors en action animée d'intentions aussi sombres que son maillot de soie. A TROYES, Léon DAUDET dénonce pêle mêle traitres et pacifistes. Sa proie du moment, le radical Joseph CAILLOT,qui va rejoindre en prison un autre ancien ministre, Jean MALVI. Le gouvernement PAINLEVE, soupconné de compromission tombe à la mi Novembre. Un homme à poigne revient au pouvoir, CLEMENCEAU, le tigre qui lance son " je fais la guerre " et la fait. Qui d'ailleurs ne la fait pas. Jusqu'au petit Montmartrois que le dessinateur POULBOT enrole et dresse face aux teutons. On a interdit les spectacles pour la toussaint mais les cimetières refusent du monde. Ils sont devenus un but de promenade et le dernier salon où l'on déclame. Quant aux orphelins, il en est fait un usage immodéré, surtout s'ils sont alsaciens. Foyers et cantines font leur plein. Les femmes du meilleur monde se penchent avec un émoi ravi sur toute cette misère et sans malice, les actualités filment l'un des orphelinats les plus courrus dont le siège s'est établi dans l'impasse du Grand Guignol. A l'affiche, la grande épouvante. Et l'épouvante, le cinématographe la distille à sa manière. Au 7ème épisode de JUDEX, la redoutable Baronne d'APREMONT va tenter de dérober une fois de plus un précieux dossier. Si le cinématographe imagine ce macabre gadget,la vie quotidienne elle aussi fourmille de petites inventions. Un simple tube sur ce soufflet et voici un chalumeau pour temps de restriction. Le charbon manque. Ce poêle ronflera efficacement à la sciure et ce réchaud à papier cuira sans peine un steak devenu bien rare. Mais la reine des cuisines, c'est la marmite norvégienne. Monsieur ARMAND en offre une vaste gamme et les actualités ne manquent pas de vanter les inépuisables possibilités. Merci Mr ARMAND. Maurice LONG, Ministre du ravitaillement de PAINLEVE s'en va. On espère des miracles de Victor BORET son successeur. On a déjà planté de légumes les parterres de VERSAILLES mais il reste quantité de squares à ensemencer et par ce matin d'hiver les boy scouts remontent gaiement les Champs Elysées vers les labours de l'île de PUTEAUX. Au delà, sur les hauteurs de MEUDON, la grand RODIN n'ira plus réchauffer au pâle soleil sa silhouette. Il vient de mourir, léguant son oeuvre à la FRANCE qui vient le saluer par la voix d'or de Mme Sarah BERNHARDT. Les lacs du Bois de BOULOGNE sont gelés. On vient d'y autoriser le patinage qui y était interdit depuis le début de la guerre.Au Parc des Princes, les équipes militaires bravent elles aussi les frimats d'une rude affaire. Mais la plupart des permissionnaires préfèrent aux saines joies du sport les divertissements plus capiteux du music hall. Celui ci entre dans son ère triomphale avec la réouverture du Casino de PARIS. Ces poilus qui piétinent dans la boue de la rue de Clichy avant de retrouver celle des tranchées vont vivre un rêve éveillés. La première revue à grand spectacle menée par Gaby DELLIS et dont le titre est tout un programme " Laisse les tomber ". A l'écran aussi, l'érotisme s'affirme. Pour séduire son geolier, le grand acteur comique Marcel LEVEQUE, la luxurieuse Baronne d'APREMONT, prisonnière de JUDEX, utilise une autre invention du justicier, le miroir espion. Car PARIS reste PARIS et frémille des derniers échos des coulisses. MISTINGUETT s'apprête à remplacer Gaby DELLIS et à gagner ses gallons de meneuse de revue. Autre étoile des boulevards, Eve LAVALLIERE annonce qu'elle abandonne la scène et vend ses bijoux avant d'entrer au couvent. Mais le théâtre des variétés n'en poursuit pas moins sa mission.Madeleine CARRIER, ARQUILLERE et le grand Max DERLY y interprètent un vaudeville bien dans la tradition maison, Potache et Permuteur. Mais les comiques ne sont pas seuls à porter le jupon. En cette année 1917, les télégraphistes aussi, ainsi que les facteurs. Aux Tuileries de même les femmes ont remplacé les jardiniers. Cet hiver, les chapeaux conserveront la ligne canotier si pratique, mais s'autoriseront quelques fantaisies discrètes. Assurément mesdames, nosu vous sommes reconnaissants de sauvegarder dans ces temps difficiles le chic de PARIS. Toutefois, sachez les modérer, n'oubliez pas que l'argent consacré à l'achat de ce bibi peut être le prix d'un casque. Et vous, jeune homme fortuné, apprenez qu'avec votre 45cv DELAHAYE, on pourrait lancer à l'assaut du ciel un de ces appareils à bord duquel s'illustre notre gloire de l'air, NUNGESSER, NADON, CAZAL. GUYNEMER lui, vient de disparaitre. On expose aux Invalides son zinc légendaire " Le Vieux Charles " au milieu de la piété populaire. Quelques jours avant l'exposition d'une autre curiosité,ce ZEPPELIN qu'un simple chasseur de perdrix a capturé lors d'un atterrissage forcé, on installe dans la nacelle du monstre un bureau de souscription pour le troisième emprunt de guerre. On réquisitionne Felix MAYOL pour en assurer le succès, le créateur de " Viens Poupoule " lance avec cranerie sa nouvelle formule, " avec le sourire, nous devons souscrire pour vider nos poches, pour chasser les bosch et faire un placement donnant largement tout prêt de 6 francs pour 100 ". Novembre 1918 la victoire est encore loin. Il y aura encore beaucoup de sang et de larmes mais au cinéma il est permis de rêver. Et le rêve, en cet hiver de 1917 c'est cette silhouette noire sur ce cheval blanc caracolant entre les ruines du chateau Gaillard, JUDEX, protecteur et justicier, grand mythe populaire né d'une année de pénurie, de crise et d'angoisse. Mais 60 ans plus tard, ne nous fait il pas toujours rêver. Anniversaire, acteur, actrice, comédien, comédienne.
FRANCE; PARIS; Première guerre mondiale; ART; RETROSPECTIVE; VIE QUOTIDIENNE; ORPHELINAT; ENFANT; CINEMA; FILM; ACTEUR; ACTRICE